La gratuité des transports dans la Métropole de Montpellier est une fête, c’est aussi un combat

Jeudi 21 décembre, à 19h, les quelques 500 000 habitants de Montpellier3M recevront leurs étrennes avant l’heure : la possibilité d’engager pratiquement la transition écologique grâce à un engagement de campagne de M. Delafosse, encore tenu. Si la Métropole organise à juste titre les festivités autour de l’évènement qui consacrera Montpellier comme la première métropole d’Europe à prendre une telle mesure sur une échelle aussi vaste, il n’est pas inutile de rappeler ce qui a guidé une telle mobilisation face aux détracteurs d’une telle mesure. La gratuité des transports est avant tout un combat porté par une détermination de chaque instant.

D’abord, la gratuité ne saurait être un service au rabais au détriment de la qualité et de la fréquence des transports en commun de la TAM. Au contraire, en s’engageant dans la gratuité, la majorité de gauche de la métropole, contre l’opposition de LFI qui n’a cessé de la dénigrer, a investi dans l’acquisition de 77 rames de tramway supplémentaires et de 70 bus électriques, parallèlement au développement des infrastructures vélo. Elle l’a fait autant pour des raisons d’anticipation de la demande et du nombre d’usagers que pour pallier au lamentable manque d’investissement de la mandature précédente, à commencer par l’ajournement de la ligne 5 de tramway depuis 2013. En impulsant de tels choix, la Métropole de Montpellier a fait des choix budgétaires qui coûtent, c’est incontestable. Mais elle l’a fait en conscience et en responsabilité, considérant que la transition écologique ne peut être réellement amorcée que si elle est partagée et accompagnée auprès des publics les plus en difficultés Il n’est pas possible de mettre en opposition constante la « fin du monde » et la « fin du mois » conduisant à l’inaction et ne pas saluer une telle initiative qui permet de réhabiliter ce que peut être une politique de gauche au service du plus grand nombre.

Cette mesure a été réalisée graduellement, avec des publics cible comme les plus de 65 ans et les moins de 18 ans pour des raisons sociale et économique parfaitement justifiées avant d’être étendue aux résidents de la métropole. Elle a été explicitée avec pédagogie et sur le temps long, ce qui permet aujourd’hui d’afficher près de 240 000 pass gratuité avec une accélération constatée depuis près de trois semaines, à mesure que l’échéance se rapproche. Elle se manifeste par un renforcement de l’offre et de la qualité des dessertes : construction puis achèvement de la ligne 5 de tram à l’horizon 2025 à l’instar de l’extension de la ligne 1, et de la création de 5 lignes de bustram.

Car l’enjeu n’est pas seulement l’affichage d’une réussite de politique publique rendant ses lettres de noblesse à une politique progressiste dont on put désespérer, elle est avant tout un test grandeur nature permettant de faire la démonstration que les mentalités sont prêtes aux changements pourvu qu’elles soient accompagnées. Quiconque se promène régulièrement dans la Métropole le sait : Oui, il existe des axes congestionnés encore et toujours, accablés par les travaux en cours pénibles mais ô combien nécessaires, mais la place du vélo se déploie comme jamais comme l’ensemble des transports doux. L’enjeu est triple : écologique, sanitaire, éducatif. Les pisse-froid qui n’ont eu de cesse de déplorer la gratuité n’ont eu aucune alternative à proposer pour une métropole et sa ville-centre qui n’ont eu de cesse de pousser comme un champignon depuis la fin des années 1980’ avec des taux de croissance urbaine compris entre la première et la troisième place à l’échelle nationale. Cela implique évidemment des défis inégalés en matière de transports, de logements, d’aménagement avec des finances qui ne sont pas celles du département des hauts de Seine ou de la métropole niçoise. Et pourtant.

S’il fallait souligner une réussite parmi d’autres autour de la gratuité, ce serait celle d’avoir osé, d’avoir annoncé et d’avoir tenu contre vents et marrées. Contre les populismes des deux bords toujours prêts à dénoncer pour mieux savourer le statuquo dont ils font leur miel, contre les lobbys divers et variés qui se damneraient plutôt que d’accepter la reconnaissance du réchauffement climatique et les mutations profondes qu’il nous impose pour tenter de préserver l’avenir des plus jeunes et des générations à venir, le président de la métropole et son équipe ont su bouleverser les habitudes, les conforts et le ronronnement pour aller de l’avant. Se faisant, ils ont renoué avec l’identité de Montpellier et de son territoire, au moins telle qu’elle a été pensée et construite depuis 1977, dans le temps long. Parce qu’il n’y aurait rien de pire que de faire du surplace. Ce serait la négation de l’action publique et de son utilité comme facteur de transformation, comme l’abandon de l’identité de la gauche.