L’enquête menée par la Fondation Jean Jaurès et l’Assemblée des Femmes, réalisée par Ipsos, révèle quatre principaux enseignements sur les préoccupations des femmes en matière d’égalité entre les sexes. Tout d’abord, les questions économiques et sociales, notamment les inégalités professionnelles, sont des priorités importantes pour les femmes. Elles ressentent plus fortement que les hommes l’impact des inégalités salariales, avec des disparités de revenu qui aggravent leur exposition à la pauvreté, surtout pour les mères isolées et les femmes en milieu rural. Deuxièmement, bien que l’adhésion au féminisme ait progressé dans l’opinion publique, il existe des divergences générationnelles entre jeunes femmes, plus sensibles aux mouvements comme #MeToo, et jeunes hommes, dont certains adoptent des positions plus critiques vis-à-vis du féminisme.
En effet, bien que 90 % des Français affirment soutenir l’égalité entre les sexes, seuls 60 % se déclarent féministes. Les hommes sont particulièrement réticents à s’identifier ainsi, avec 42 % rejetant le terme tout en soutenant l’égalité théorique. Cela démontre une fracture entre les principes de l’égalité et l’image négative du féminisme, surtout dans les milieux conservateurs. De plus, une partie des jeunes hommes résiste de plus en plus aux revendications féministes, influencée par des discours masculinistes sur les réseaux sociaux, créant une fracture générationnelle où les jeunes femmes se mobilisent plus activement pour les droits des femmes.
L’enquête revient sur les priorités des françaises et des français. On remarque ainsi que le pouvoir d’achat et le système de santé sont les principales priorités des femmes. Contre le pouvoir d’achat et l’immigration chez les hommes. Elle souligne également l’importance des violences sexistes et sexuelles parmi les priorités publiques. Les femmes demandent des actions renforcées pour leur sécurité, tant dans l’espace public que dans le cadre scolaire, ainsi qu’une lutte plus intense contre les inégalités professionnelles. En parallèle, le soutien aux familles monoparentales, souvent dirigées par des femmes, est un autre domaine où des améliorations sont attendues. Ces questions constituent un appel à l’action pour les mouvements féministes et les pouvoirs publics, qui doivent répondre à cette demande croissante d’égalité.
Sur le plan politique, les résultats révèlent des clivages nets mais montre une équité relative entre les femmes ayant voté au premier tour des législatives pour un candidat du NFP (toutes tendances confondus) et un candidat du Rassemblement National. Si l’écart n’est que de 2 points chez les femmes, il est de 8 points chez les hommes plus enclins, donc, à voter RN.
Enfin, l’enquête met en lumière le sentiment de sous-représentation des préoccupations féministes dans l’agenda politique. Près de la moitié des femmes estiment qu’aucun parti politique ne défend efficacement l’égalité femmes-hommes. Bien que la gauche soit perçue comme plus crédible sur ces sujets, certaines femmes soutiennent le Rassemblement National, malgré ses positions contradictoires sur les droits des femmes.
Les forces politiques devront intégrer les questions de genre dans leurs propositions économiques et sociales pour répondre aux attentes des femmes, en particulier celles liées aux inégalités professionnelles et au pouvoir d’achat.