Le recul prévisible de la parité en politique
Avec seulement 36,1 % de femmes élues députées en 2024 (contre 38,8% en 2022), la parité en politique est en recul comme l’observe le Centre d’observation de la société. Entre 2017 et 2024, la part de femmes à l’Assemblée nationale a ainsi baissé de 2,7 points. Les femmes sont donc bien les grandes perdantes de ces élections législatives.
Si pour de nombreux commentateurs, cette campagne courte et brutale semble justifier la moindre présence des femmes dans la course à la députation, l’urgence de la campagne n’explique pas tout… En effet, ce recul des femmes élues peut s’expliquer en partie par la progression du Rassemblement national et la réticence de la droite à investir des femmes, mais il témoigne aussi de l’héritage patriarcal dans lequel s’inscrit encore aujourd’hui la politique française et met en exergue les difficultés de certains partis politiques à désigner des femmes candidates ou à les identifier.
A peine 42,3% des candidats aux législatives étaient des femmes !
Malgré les lois du 6 juin 2000 et celle du 4 aout 2014, qui imposent la parité sous peine d’être sanctionné financièrement, il est regrettable que la parité ait à ce point été dévoyée. Alors que le Nouveau front Populaire a presque atteint l’objectif avec 46,86% de femmes investies, la droite se place loin derrière avec à peine 30,77%. En 2023 et 2024, le camp LR a préféré payer 1,3 million d’euros d’amende plutôt que de présenter 50% de femmes aux élections !
Les conséquences de ce non-respect de la parité sont désastreuses pour les femmes. Les Républicains n’ont fait élire que 30,8% de femmes et le RN et ses alliés à peine 32,4%. Seuls le Nouveau Front Populaire et apparentés (41,7%) et le parti présidentiel (41,5%) ont réussi à féminiser leurs rangs.
Toutefois, ces résultats occultent les nombreuses situations où les candidates ont été désignées sur des circonscriptions plus difficiles à gagner – voire réputées ingagnables comme en 2017. Alors que le NFP a désigné 44% de femmes sur des circonscriptions très favorables, les femmes candidates ne représentaient que 31,67% pour le RN et 26,67% pour les LR.
Les femmes toujours invisibilisées dans l’espace public
Que ce soit à l’Assemblée nationale (36,1%), au Sénat (36,2%), dans les mairies (19,8%), les conseils municipaux (42,4%), les présidences de conseils communautaires (11,2%) ou de conseils régionaux (31,6%), on constate une moindre proportion de femmes élues. Seule exception : les conseils départementaux où le scrutin binominal (loi 2013) a permis d’avoir une assemblée totalement paritaire dès les élections de 2015…
Cette absence des femmes dans la sphère politique participe à l’invisibilisation des femmes dans notre société. L’absence de représentation féminine dans l’accès aux responsabilités reflète ce « plafond de verre » que connaissent toutes les femmes dans leur carrière. Dans les médias, la culture, l’entreprise, l’université, etc. les femmes, bien qu’aussi compétentes et méritantes que leurs collègues masculins, sont souvent effacées ou aux mieux affectées à des postes de second rang ou supposés en lien avec leurs « qualités féminines » (enfance, famille, droits des femmes, santé, etc.).
Sans parler des femmes peu diplômées souvent précaires qui restent cantonnées en bas de l’échelle sociale aux tâches les plus ingrates et moins valorisées économiquement. Rappelons que plus de 57% des travailleurs touchant le SMIC et près de 80% des salariés à temps partiel sont des femmes !
La question de la représentation des femmes en politique reste un enjeu majeur
Être socialiste, c’est être féministe… Si le Parti socialiste a toujours été à l’avant-garde du combat féministe, œuvrant activement pour l’égalité entre les femmes et les hommes, la parité, l’IVG et contre les Violences sexistes et sexuelles, etc., la Fédération socialiste dans l’Hérault s’inquiète toutefois des nombreux freins qui existent pour la mise en œuvre concrète de la parité en politique. Parmi lesquels :
- L’investissement nécessaire dans le militantisme et les campagnes politiques rend difficile leur conciliation entre vie familiale, professionnelle et politique et les éloigne trop souvent des opportunités électorales ou des responsabilités politiques.
- Leur situation sociale : moins bien rémunérées, occupant des postes souvent plus contraignants en matière d’horaires ou moins diplômées, les actions militantes leur semblent souvent inaccessibles et inadaptées.
- Les modes de scrutins électoraux en vigueur ne permettent pas aux femmes de progresser dans leurs carrières politiques, trop souvent encore limitées par leurs charges familiales ou professionnelles et le refus de certains hommes de partager le pouvoir…
Questionner la place des femmes au pouvoir, c’est aussi questionner l’ensemble des inégalités.
C’est pourquoi, la convention féministe du Parti socialiste a proposé, par exemple, que la parité soit effective dans toutes les collectivités, en ciblant notamment les échelons où les exigences sont inexistantes. Dans les communes, le seuil paritaire pourrait être abaissé dès le premier habitant. Dans les intercommunalités – EPCI et syndicats intercommunaux – l’obligation paritaire et des scrutins de liste paritaire respectant l’alternance femme-homme pourrait être mise en place…
Appelant à repenser notre système électoral, le Secrétariat national à l’égalité F/H du Parti socialiste défend également le scrutin binominal (comme il a été mis en place dans les conseils départementaux) ; il est engagé contre le cumul des mandats ; et il milite pour un statut d’élue.e afin de favoriser la conciliation entre vie professionnelle, familiale et personnelle avec l’exercice d’un mandat électif…
Regrettant qu’aujourd’hui encore, malgré les lois sur la parité, l’accès des femmes aux responsabilités politiques reste inégal, le Parti socialiste dans l’Hérault réaffirme son engagement pour l’égalité entre les femmes et les hommes afin que la parité en politique ne soit plus un vain mot. |
Eléonore Avenet
Secrétaire fédérale à l’égalité entre les femmes et les hommes